Ce numéro s'interroge sur les politiques actuelles de « cohésion sociale » censées prévenir les discriminations, promouvoir la diversité, asseoir une égalité des chances, etc.
En France comme au Royaume-Uni, les enfants de migrants originaires d'Afrique subsaharienne entretiennent des liens multiples avec le continent africain. Leurs attitudes dépendent à la fois des représentations culturelles léguées par leurs aînés et de leur expérience directe avec cet ailleurs si proche.
A partir de l'exemple des réseaux de libraires actifs dans l'Europe du XVIIIe siècle, l'auteur procède à une confrontation avec les écrits des économistes qui analysent ces phénomènes aujourd'hui. A cette époque-là, une grande partie du marché de l'imprimé est entre les mains de familles originaires de quelques villages situés dans des régions excentrées et réputées pauvres, dont trois ont été repérées et étudiées : le Briançonnais, le Cotentin et le Tessin. La réussite de ces trois réseaux marchands est exceptionnelle. Après avoir analysé le rôle des réseaux de parenté, l'auteur étudie le rôle des réseaux communautaires, la solidarité qui s'impose dans la relation entre les marchands installés et les colporteurs, la relation de confiance et l'apparence, puis l'adaptation aux évolutions des marchés.
Analyse des mécanismes de mobilisation mis en oeuvre pour réaliser le projet migratoire des ressortissants de la région du fleuve Sénégal. Les stratégies migratoires mises en place, faites de privations volontaires et de mobilisations des ressources tant matérielles qu'humaines, apparaissent comme des formes d'investissement portées sur des éléments du groupe.; Partant de l'analyse de la notion de mobilisation, l'auteur étudie les mobilisations familiales, la mobilisation dans les réseaux et les mobilisations individuelles. Globalement, les mobilisations qui sous-tendent et rendent possible les projets migratoires impliquent des formes d'entraide spécifiques permettant aux migrants de prolonger l'activité de production domestique en dehors de l'espace d'origine.
Sur fond de campagne présidentielle, prise de position sur l'application de la politique d'immigration en France par la majorité gouvernementale mise en parallèle avec la mort le 26 janvier 2007 de l'abbé Pierre et avec son oeuvre de solidarité avec les marginalisés et les deshérités.
En s'appuyant sur des enquêtes de terrain menées auprès de migrants roumains entre 1997 et 2002 tant dans les régions d'origine en Roumanie qu'en Espagne, France et Grande-Bretagne, l'auteur examine les pratiques et les liens qui constituent la trame du réseau migrant dans le but de mieux définir le type d'organisation sociale réticulaire sur lequel reposent les migrations décrites. Ce qui se transmet principalement au sein de ces organisations informelles et fluctuantes, c'est la capacité à se déplacer dans l'espace européen et l'aptitude à se réorienter et à s'adapter à un nouvel environnement. En ce sens, cette organisation informelle contribue à développer la circulation transnationale elle-même.
Les migration actuelles, en grande partie engendrées par la mondialisation, se présentent sous de nombreux aspects comme un défi à la mondialisation elle-même et aux sociétés des pays riches. Partant justement de la situation actuelle d'une mondialisation qui ne parvient pas à promouvoir le développement et qui continue de créer de la pauvreté et de l'instabilité, ces migrations nous invitent à tenter d'emprunter la voie d'une mondialisation solidaire.; Après avoir procédé à une analyse de la modernité et par là le modèle fordiste, les symboles de la société industrielle, la relation avec l'Etat national, sa crise, la société post-moderne et la relation avec la mondialisation, l'auteur étudie le rôle social et politique des migrations au sein de la société. Ainsi, les migrations nous présentent le visage non humain de la mondialisation, nous invitent à promouvoir une croissance viable, juste et démocratique, sont un révélateur de la "pathologie sociale" et nous invitent à dépasser la plaie des nationalismes.
Issus d'un de ces fameux colloques de Cerisy, qui construisent le meilleur de la connaissance française de nos jours, les travaux présentés ici poursuivent la réflexion lancée par la série de colloques " d'un siècle à l'autre ". Après une nouvelle gouvernance (2000), l'intelligence collective (2001) et le savoir (2002), les auteurs ont étudié la manière de déceler, au travers de diverses initiatives, des formes nouvelles d'engagement collectif dans lesquelles des personnes s'affirment comme sujets de la société ? ? Aux termes courants de la socio-politique - citoyenneté, espace public, territoire, société civile, démocratie.-, ils ont préféré réfléchir à partir du concept Les " nous " et les " je " : agir ensemble dans la cité. Avec cette série de colloques, s'est affirmé l'enjeu de faire progresser, au plan des concepts, des méthodes et des pratiques, une démarche nouvelle - la prospective du présent - au sein de laquelle les processus importent autant que les contenus et qui, attentive aux initiatives de la vie quotidienne, stimule une inventivité collective, porteuse de futurs souhaitables. C'est en quelque sort une pédagogie de la découverte et du changement dans un monde complexe. Les questions abordées dans ce colloque ont tourné autour d'un questionnement fort : comment se constituent des " je ", sujets responsables d'eux- mêmes en reconnaissant l'autre comme sujet ?. Quels types de " nous " les formes nouvelles d'appartenance et d'engagement permettent-elles ? Comment faire évoluer les institutions pour qu'elles permettent à chacun de se construire comme sujet, favorisent la reconnaissance mutuelle, stimulent les pratiques créatrices, créent de nouveaux espaces publics ? (Présentation de l'éditeur)
La présence des Kabyles en France remonte au début du XXème, est très difficile à dénombrer, mais représente une des communautés culturelles et linguistiques parmi les plus importantes de l'Hexagone. Ils ont des structures organisationnelles, une solidarité grâce aux assemblées de villages, et une permanence de liens entre le pays d'accueil et le pays d'origine.
Des monnaies locales se sont développées depuis les années quatre-vingt à l'initiative de collectifs qui les emploient pour échanger produits et services. Certes, le volume des échanges réalisés, le nombre d'individus qui les utilisent peuvent sembler dérisoires en regard des performances de l'économie officielle. Mais leur intérêt principal est ailleurs. L'auteur présente l'aventure française des SEL, la compare aux expériences similaires et en analyse la signification.
L'immigration est un fait de nature à Marseille. Mais elle a changé indéniablement dans le courant du XXe siècle, les migrations de proximité (avec une écrasante domination italienne) cédant la place à de nouvelles vagues migratoires, venues essentiellement (mais pas seulement) du bassin méditerranéen. Arrivées massives (en quelques mois ou quelques années) : Arméniens de la Diaspora dans les années vingt, Travailleurs algériens après la Seconde Guerre mondiale, Pieds-noirs issus de la décolonisation dans les années soixante, Comoriens dans les dernières années du siècle. Vagues qui se succèdent et modifient rapidement la composition et la répartition de la population : les minorités anciennes (italiennes ou espagnoles) se sont fondues aujourd'hui dans la population. Marseille a vu par contre naïtre et se développer des solidarités nouvelles avec l'importance croissante des communautés religieuses (musulmans, juifs sépharades) ou "ethniques" venues d'Afrique du Nord ou d'Afrique noire, la vie en cités contribuant à la fois à renforcer les cloisonnements à l'intérieur de la cité phocéenne et à transcender les réseaux communautaires au profit de nouvelles solidarités. (Résumé de la revue)
Un habitant de la planète sur 300 est contraint de quitter son foyer du fait de la guerre ou des persécutions. Ces migrations, provoquées par une absence de protection dans leur pays d'origine, se font en très grande partie vers les pays limitrophes des conflits ou du lieu de persécution, c'est-à-dire vers les pays les moins à même d'accueillir de larges populations en quête de protection et d'assistance. Une autre tendance grandissante des déplacements forcés concerne des millions de personnes contraintes de quitter leur foyer mais sans franchir une frontière internationale : leur refuge à l'intérieur même de leur pays est alors hors de la portée de la protection et de l'assistance internationales. Cet article analyse les migrations forcées par rapport au "fardeau" reposant sur les pays moins développés, les déplacements forcés sans égard aux frontières internationales et aux défnitions juridiques, et affirme que la solution est un appel à la solidarité internationale, c'est-à-dire à la nécessité d'un apport Nord-Sud.
Une étude de terrain portant sur deux sites de l'agglomération rouennaise (Canteleu et Hauts-de-Rouen) classés prioritaires par la politique de la ville offre deux lectures différentes des logiques de régulation sociale, l'une dans une ville moyenne, l'autre dans des quartiers périphériques populaires. L'une s'inscrit dans une problématique située entre solidarité et contrôle social, l'autre entre stigmatisation et requalification. L'espace de la régulation sociale est en recomposition, nous dit l'auteur. Face aux sentiments d'insécurité, aux difficultés des quartiers sensibles, au contexte de la décentralisation et de la politique de la ville, on assiste à une multiplication des acteurs chargés de se mobiliser contre l'exclusion sociale, les incivilités, les violences urbaines et donc à une diversification des modes d'intervention. C'est un large panoramique de cette nouvelle situation qui est ici analysé de la manière la plus précise.